Paroles de Mathieu

Impressions personnelles :

Je prends enfin la plume ! C’est à marquer d’une pierre jaune… conduire ou écrire il faut choisir ! quoi que ce n’est pas pendant les trajets en voiture que Mathilde vous concocte ces posts toujours aussi sympas. Nous passons en général notre temps à jouer avec Elouane au jeu « de celui qui voit le premier une vache ! » et qui bien sûr 5 secondes plus tard « est parti la vache ! » C’est franchement assez marrant l’apprentissage de la parole… la perception du monde est vraiment différente chez nos petites têtes blondes ! En parlant de blondeur c’est sûr Elouane détonne dans le paysage local. C’est notre petit facilitateur de rencontres « Que linda ! She’s so cut ! » Je ne suis pas toujours certain qu’elle ne comprenne pas in fine ! et du coup elle a tendance à en rajouter… Elle doit de plus y perdre son latin (et oui à deux ans elle est précoce LOL) car elle apprend à dire bonjour au-revoir en Français Portugais et récemment en Anglais !

Les routes brésiliennes :

Si ce n’est le problème de clé au troisième jour de notre voyage, nous n’avons eu aucun problème avec la voiture… je touche du bois ! Que dire des routes au Brésil elles sont de très bonnes à correctes… énormément de travaux de remise en état ! Les brésiliens investissent… ils ne doivent pas avoir de problème de dettes souveraines !?

Par contre, le Brésil est le pays du dos d’âne. Et ce serait tellement trop facile de les peindre en jaune… Au final environ une fois par jour à fond de 3^ème voire en 4^ème une « lombada » – pas confondre avec la lambada rien à voir ! - vous secoue les puces, du coup nous sommes devenus méfiants et « la vision globale » de Mathilde est mise à contribution !

Et puis je ne peux oublier de mentionner les courses avec les camions : je double dans les montées et je me fais dépasser dans les descentes. Il faut aussi de l’élan car souvent un camion peut en cacher un autre et donc 2 * 30 m de long c’est sûr il faut avoir 1) de la vitesse en réserve 2) de la visibilité 3) euh ! bien souvent de la patience…

Il y a quand même quelques portions de route ou comble de bonheur l’absence de camion nous a permis de faire des pointes à 100-110 kms/h nous permettant ainsi d’augmenter notre moyenne horaire.

Agriculture quand tu nous tiens !

Commençons par le début… le Brésil est un pays certes agricole mais nous sommes en pleine saison sèche. Nous n’avons pas traversé des régions arides car il pleut en moyenne 1500 mm/an dans les régions traversées mais on observe une absence de pluies pendant 4 à 6 mois. Initialement j’avais plutôt pensé que ce serait pendant le retour que je verrais le plus de choses intéressantes d’un point de vue agricole… finalement « à mon plus grand bonheur » comme le dit Mathilde ce ne fut pas le cas ! La descente sur Brasilia fut fort intéressante et je ferai ainsi quelques remarques :

Dom Eliseu dans le Para à la frontière avec le Maranhao : petite anecdote, une des dernières régions ou se développait il y a encore peu de temps la production de maïs et de soja mais ou depuis quelques années avec la pression internationale, les agriculteurs abandonnent l’élevage et les cultures pour s’adonner à des projets de « reflorestamento = reforestation » beaucoup mieux perçus par la communauté internationale… même si on remplace une monoculture par une autre (d’eucalyptus cette fois-ci… une coupe tous les 7 ans !)

Açailandia (première ville que nous avons traversée après avoir quitté l’état du Para) : Magnifiques paysages de pâturages et de palmiers wassai… Le jaune prédomine en août mais je vous promets de prendre les mêmes photos en décembre et les couleurs devraient être bien différentes.

 

Brasilia : Visite des essais « intégration agriculture élevage forêt » ou l’association sur une même parcelle de la production de céréales, de l’élevage et de sylviculture (énergie bois d’œuvre). Un coup de cœur ! Nous avons fini par voir le long de la route ce système mis en place sur des centaines d’hectare dans le Mato Grosso do Sul.

 

Chapadao do Ceu : Dans la région dite des Chapadaoes une des régions les plus riches et les plus productives du Brésil. 3 municipos (municipalités) des centaines de milliers d’hectares et deux cultures par an : un premier cycle de soja (plus rarement maïs et coton) semé en octobre avec des variétés super-précoce puis une seconde culture (maïs, sorgho tournesol ou coton) semé en février. Ah oui j’oubliais de préciser que le calendrier agricole brésilien n’est pas en phase avec le calendrier civile (l’année agricole au niveau statistique est à cheval sur deux années, elle débute en octobre avec le retour des pluies et se termine en septembre de l’année suivante). Petite anecdote : à Chapado do Ceu, 35 agriculteurs (ou entreprises agricoles) se partagent 100 000 hectares (soit une moyenne de 3000 ha contre 50 ha en moyenne en France)… Et 13 fournisseurs d’intrants se disputent le marché, ça ne fait pas beaucoup de clients à se partager !

Une nouvelle concurrence est apparu depuis maintenant une dizaine d’année : la canne à sucre pour l’éthanol (il faut savoir que le Brésil roule déjà à 40 % avec ce carburant) : Ainsi les propriétaires des terres se voient proposer par les industriels des rentes de 500 $ / ha / an contre la location de leurs terres. Ce calcul est au cours actuel car ici on parle en sacs de soja (60 kg) - prix de vente des terres 500 sacs; location 18. Certains ont donc préféré remiser leur (s) tracteur(s). C’est sûr que 3000 ha x 500 $ sans aucun risque… ça fait réfléchir et l’expression « l’alcool fait tourner la tête » prend tout son sens ! Attention à la gueule de bois…

 

Pour les amoureux des herbivores domestiques : ci-dessous quelques photos prises à Bonito.

 

Toute médaille à son revers… les campements des paysans sans terres que nous avons vu le long des routes (honnêtement assez rarement mais il faut quand même le signaler !)

 

Vous trouverez dans le dossier photo numéro 8 « agriculture chapadao » quelques photos de ma visite de la récolte de coton et de l’usine de transformation. Pour information le coton va pour le textile principalement à l’exportation, les graines sont pressées puis l’huile prend la direction des usines de Biodiesel et les tourteaux sont utilisés pour l’alimentation animale.

Comments

[Pichoute&Curetch]

Super cette description du Brésil, ça rappelle Alta Floresta! T'as pas honte d'apprendre le portugais à ta fille alors qu'elle ne maitrise pas le français. La Cimade valide l'apprentissage des langues clandestines! Avec autant de soja j'espère qu'ils font de bons roulots de printemps. Mathilde à quand le post "KarrémentL fashion spirit"?. On est dépité par le post de Gomis qui est très borderline! On vous kiss, on the road again...again...

love passion

les guyanais 100%forestal e vegetal (et tartopoal)

[Julie and cie]

Fait circuler tes utopies Mathieu. Vive le teck et à mort l'eucalyptus. Sergino vous embrasse, il a fait le plein d'éthanol je vais me faire défoncer. J'ai mis des boules Quies à Jaja, ké malheureuse!! Le chat roronne dans son coin et moi aussi.

[Joe la Baroude]

Y'a pas à dire: Mat' t'es quasi aussi intégriste que Vincent, mais en version plus terre-à-terre...
C'est bon de vous lire: d'expérience, je sais que c'est parfois relou de se mettre à romancer sur la toile mais merci pour nous: on est un peu avec vous comme ça...
Je sais que c'est le 1er message que je vous laisse mais je suis régulièrement votre blog. C'est juste que ce mois de vacances familial et con los amigos a été un peu prenant. Promis, moi aussi, je vais mettre à jour le blog!
Continuez à nous faire rêver!
Et, Loulou, arrête de faire ta crâneuse et dors!!

[Pauline]

Merci Mathieu ! Les photos sont très belles, c'est intéressant de voir une récolte de coton. Bisous

[Julie et cie]

Quand le Mathieu prend la plume, c'est du sérieux ! On attend avec bcp d'intérêt le post n°2 de notre super agri-reporter. A super +. Bises